Blessures, Foulée, Ostéo… L'ex-Kiné de l’INSEP brise les Tabous !

La kinésithérapie est souvent perçue comme une discipline d'accompagnement des blessures. Mais au-delà du soin, elle joue aussi un rôle clé dans la prévention et l’optimisation de la performance des coureurs.

Erwann Le Corre, kiné du sport et préparateur physique, nous partage son expérience et ses conseils pour une pratique durable et sans galère.  

Kinésithérapie : qu’est-ce que c’est vraiment ?  

Le terme "kinésithérapie" signifie littéralement "thérapie par le mouvement". En France, on parle de kinésithérapie, alors qu'à l'international, on utilise plutôt le terme de physiothérapie. Son objectif principal est de rééduquer le mouvement, d’accompagner la récupération après une blessure et de prévenir les problèmes musculo-squelettiques avant qu’ils ne surviennent.  

Erwann insiste sur un point : "Notre métier, c’est de remettre les coureurs en mouvement de façon sécuritaire et optimale. Si la prévention est possible dans les clubs professionnels où les sportifs sont suivis quotidiennement, elle est plus difficile en cabinet, car les patients viennent souvent consulter trop tard, une fois la blessure bien installée.”

Les blessures courantes du coureur et comment les éviter  

Les coureurs à pied font face à des blessures récurrentes. Voici trois des pathologies les plus courantes et les conseils d’Erwann pour les prévenir.  

Crédit : La Montagne, presse écrite

  • La périostite tibiale  

Douleur diffuse sur le tibia, souvent causée par une hyper-sollicitation de la membrane entourant la corticale osseuse. Un excès de charge, un sol trop dur, un chaussage inadapté, des délais de récupération trop courts peuvent favoriser le déclenchement d’une périostite.  

Elle peut évoluer en fracture de fatigue si elle n’est pas prise en charge rapidement.

💡Solution : Consulter sans tarder votre médecin du sport et votre kinésithérapeute, écouter vos douleurs et adapter le volume d’entraînement. 

  •  Le syndrome de l’essuie-glace (TFL)  

Douleur externe du genou au niveau de la bandelette ilio-tibiale, liée à une compression / friction excessive du tendon. Fréquente chez les coureurs et les cyclistes en raison de la répétition des mouvements, on peut l’expliquer par des causes biomécaniques, morphologiques, des déficits moteurs ou en raison de mauvaises habitudes d’entraînement.  

💡Solution : Travailler le renforcement musculaire des stabilisateurs du bassin (fessiers +++), renforcer les muscles du pied, reprendre la course de façon progressive (varier temps de course et temps de marche), consulter votre kinésithérapeute pour travailler les déficits, ajuster la technique de course et mieux gérer les facteurs favorisants.  

  • Le syndrome fémoro-patellaire  

Douleur à l’avant du genou par augmentation des forces compressives, aggravée en descente ou après une position assise prolongée. Faiblesse du quadriceps (vaste médial faible, asymétries musculaires...), mauvais alignement articulaire, déficit des fessiers et des rotateurs externes de hanche, pied faible, valgus du genou anomalies morphologiques (rotule), problème de souplesse de la chaîne postérieure... Vous l’avez compris, les hypothèses sont multiples et pas toujours bien comprises. 

💡Solution : Le traitement passera par une rééducation bien menée, personnalisée permettant une adaptation progressive des structures et viser l’augmentation de la tolérance des contraintes mécaniques. Adapter votre entraînement et la technique de course en augmentant la cadence pour diminuer les contraintes fémoro-patellaires.  

Faut-il vraiment s’étirer et acheter des gadgets ?  

Erwann passe au crible certaines pratiques populaires chez les coureurs.  

Crédit : La Montagne, presse écrite

👉Les étirements post-effort ? 

“Oui, mais pas n’importe lesquels : passifs, actifs, balistiques, activo-dynamiques, posturaux...”

Après un effort il est constaté un raccourcissement musculaire et un enraidissement. La pratique des étirements courts et non douloureux permet la libération tissulaire et la “normalisation structurelle” de la longueur musculaire. 

👉Les chaussures minimalistes ?

"Elles peuvent être intéressantes, mais elles demandent une adaptation progressive. Passer brutalement à des chaussures minimalistes sans transition, c’est une augmentation du risque de blessure."  

👉Les pistolets de massage, rouleaux et bottes de compression ?

Pourquoi pas, mais ce ne sont que des compléments. Rien ne remplacera le sommeil, l’alimentation et l’hydratation, la progressivité et la charge d’entraînement adapté. L’essentiel est de pouvoir se donner du temps pour sa récupération sans oublier les piliers fondamentaux de la récupération."  

Le secret d’une pratique durable : patience et progressivité  

Le message d’Erwann est clair : “Soyez patients, indulgents et progressifs. L’erreur la plus fréquente chez les coureurs, est d’augmenter trop vite la charge d'entraînement, et souvent de reprendre l’activité de façon trop brutale après une longue période d’arrêt. “

Quelques conseils pour une prépa réussie :  

✔️ Ne pas copier le plan d'entraînement d'un autre coureur, 

✔️ Etre progressif dans son entraînement et ne pas vouloir sauter des étapes, 

✔️ Varier les activités sportives,  

✔️ Introduire du renforcement musculaire dans sa routine de travail, 

✔️ Se faire accompagner par un professionnel de la santé ou du sport pour individualiser son travail, 

✔️ Laisser une place à l’entraînement invisible (récupération, alimentation, sommeil...). 

En conclusion, que vous soyez un coureur amateur ou confirmé, un suivi kiné peut être un véritable atout. Et comme le dit Erwann, "On est fait pour courir, mais pas pour se précipiter."  


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