Sortir avec un(e) coureur(se), bonne ou mauvaise idée ?

Si vous êtes coureur, vous avez sûrement déjà rêvé de trouver votre moitié sur la ligne de départ d’une course plutôt qu’en terrasse de café. Mais est-ce vraiment si simple de mélanger amour et course a pied ? Peut-on s’entraîner ensemble sans transformer son partenaire en sparring-partner ? Et surtout, pourquoi est-on si souvent attiré par des personnes qui nous ressemblent, jusqu’à parfois trop se confondre ? Décryptage.

Pourquoi les coureurs tombent-ils souvent amoureux… d’autres coureurs ?

Avez-vous déjà remarqué qu’au sein des groupes de runners, il n’est pas rare de croiser des couples ? Derrière ces idylles en apparence anodines se cache en réalité un mécanisme bien connu en psychologie sociale : l’homophilie.

L’homophilie, c’est ce biais inconscient qui nous pousse à nous rapprocher des personnes qui nous ressemblent. Le concept a été théorisé dès les années 1960 par le psychologue américain Theodore Newcomb, qui avait observé que plus deux individus partageaient des opinions et des comportements similaires, plus leurs chances de nouer des liens d’amitié ou d’amour étaient élevées.

Depuis, les chercheurs n’ont cessé d’approfondir le sujet. Une étude marquante, publiée en 2017 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, est même allée jusqu’à démontrer que les couples partagent souvent des traits génétiques similaires. Mais surtout, ces ressemblances se manifestent très fortement à travers le style de vie.

En clair : nous sommes instinctivement attirés par des personnes qui vivent un quotidien proche du nôtre. Et pour un coureur, ce quotidien est assez particulier.

Strava : du chrono au flirt

Et parce qu’on vit en 2025, l’amour passe aussi par l’appli orange. Strava, c’était censé être le réseau social de la performance. Aujourd’hui, c’est aussi devenu le terrain de chasse des célibataires qui préfèrent les mollets affûtés aux photos de Matcha sur instagram.

Récemment, la plateforme a même ajouté une messagerie privée. Officiellement, c’est pour échanger des itinéraires. Officieusement, on est nombreux à avoir compris que c’était aussi pour glisser des "Joli tempo ce matin 😉" après une séance de seuil.

“C’est le nouveau Tinder des sportifs” rigole Alexandre D., un coureur Bordelais et utilisateur assidu de Strava. “J’ai déjà eu des ‘matchs’ après des segments. On se commente, on se challenge... puis ça finit par un footing commun et plus si affinités.

Soyons honnêtes : rien de plus séduisant que quelqu’un qui aime autant que vous une bonne séance de côtes à 7h sous la pluie.

Les avantages et inconvénients d’un couple runner

Les avantages d'une relation entre coureurs

Courir ensemble, c’est d’abord une forme de compréhension rare. Pas besoin d’expliquer pourquoi tu mets une alarme à 6h un dimanche ou pourquoi tu refuses une raclette la veille d’un semi. Entre coureurs, on se parle le même langage. Pas de "Tu cours encore ?" agacé ou de regard blasé sur tes chaussures qui traînent dans l’entrée.

Et puis, il y a les projets communs. Fini le débat plage ou montagne : ce sera souvent weekend Trail ou séjour en Ethiopie . Les vacances deviennent des stages d’altitude, les week-ends riment avec dossards, et les hôtels se choisissent selon la distance avec le départ de la course. Ça peut sembler extrême pour les autres, mais pour vous, c’est l’équilibre parfait.

Surtout, ces moments partagés vont bien au-delà du chrono. Une arrivée main dans la main après un Trail éprouvant, un soutien dans les coups durs, quand l’autre doute… Ces instants forgent une complicité unique, celle qui dépasse la performance pour toucher à quelque chose d’essentiel : être ensemble, quoi qu’il arrive.

Les inconvénients potentiels

Mais la dynamique du couple runner peut aussi basculer dans des travers plus subtils, souvent invisibles au début. Ce qui commence par quelques conseils bienveillants sur la posture ou l’allure peut, au fil du temps, transformer l’un des deux en coach improvisé. Les séances partagées deviennent alors des entraînements dirigés, où le chrono et les consignes prennent le pas sur le plaisir d’être ensemble. Ce glissement, peut fragiliser la relation.

La compétition peut aussi s’infiltrer dans le couple. Si l’un progresse plus vite que l’autre, ou enchaîne les records pendant que l’autre stagne, le plaisir de se challenger ensemble laisse place à un sentiment d’infériorité.

Il y a aussi le risque de la saturation. Lorsque le running colonise progressivement chaque espace du quotidien, il devient le centre unique des discussions et des projets. Les dîners se transforment en debriefings d'entraînements et même les soirées Netflix cèdent la place au dernier documentaire sur Mathieu Blanchard sur YouTube. Peu à peu, le couple s’efface derrière la discipline.

Enfin, l’équilibre se brise parfois brutalement avec l’apparition d’une blessure. Quand l’un est contraint de s’arrêter pendant que l’autre poursuit sa progression, la frustration s’installe. Celui qui reste sur le canapé voit l’autre partir pour la séance qu’il aurait aimé faire, tandis que celui qui court se sent coupable d’évoluer sans son partenaire. Cet écart, même temporaire, crée une rupture dans la dynamique commune, et il n’est pas toujours facile de recoller les morceaux une fois les baskets rechaussées.

EN RÉSUMÉ, : Courir ensemble, mais pas trop

Sortir avec un(e) coureur(se), c’est souvent magique. On partage une passion, on se comprend sans mots, on vit des moments forts. Mais c’est aussi le risque d’étouffer la relation sous l’effort.

La clé ? Trouver l’équilibre.

  • Ne pas faire toutes les séances ensemble.

  • Ne pas se transformer en Coach d’athlétisme

  • Garder des moments sans baskets, où on parle d’autre chose que de notre FC max.

Parce qu’un couple, c’est comme une prépa marathon : ça demande de l’entraînement, de l’adaptation, et surtout… des phases de récupération.



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