Clément Mignon & Marjolaine Pierré : L’Ironcouple à la vie, à la course !
Clément Mignon et Marjolaine Pierré sont deux triathlètes spécialistes du fameux Ironman. Tous deux Champions du Monde de triathlon long en 2023, ils sont aussi en couple dans la vie. Ensemble, ils ont accepté de revenir à nos côtés sur leurs carrières, leurs envies, mais aussi la vie quotidienne quand on est un Ironcouple si prometteur. Rencontre avec deux personnalités lumineuses !
Portraits chinois croisés
DLTDC : Clément, Marjolaine, tout d’abord merci d’avoir accepté cet échange. Avant de commencer et de rentrer dans le vif du sujet, je vous propose qu’on se lance dans un portrait chinois croisé. Marjolaine, tu vas répondre pour Clément et inversement. Est-ce ça vous convient ?
MARJOLAINE : Oui très bien, je sens que ça va être plus dur pour Clément d’être spontané dans les réponses !
CLÉMENT : On va essayer !
DLTDC : Parfait. Alors, première question, si l’autre était un animal ?
MARJOLAINE : Facile ! Un lézard ! Il adore la chaleur, il est discret, rapide… C’est clairement lui !
CLÉMENT : Je dirais un tigre. C’est un félin qui sait toujours saisir le bon moment pour bondir. Marjolaine est comme ça, elle a un sens du timing parfait dans ce qu’elle entreprend.
DLTDC : Si l’autre était une musique ?
MARJOLAINE : Je pense directement à la musique drôle qu’on entend souvent sur Instagram : Funny Song ! C’est un rythme un peu lent, tranquille, comme Clément. Il est tout le temps tranquille, encore plus quand il est en retard !
CLÉMENT : Je n’ai pas de musique en tête mais quelque chose d’énergique et de joyeux, comme elle.
DLTDC : Si l’autre était une émotion ?
MARJOLAINE : La joie !
CLÉMENT : Mince, j’aurais dit ça aussi. Dans ce cas je vais dire la détermination.
DLTDC : Si l’autre était un film ou une série ?
MARJOLAINE : Difficile celle-là, je ne regarde jamais de films ou de séries… Mais je pense à Star Wars. Il a un côté inarrêtable, invincible, comme une force.
CLÉMENT : Sans hésiter : Barbie ! Elle défend la cause féministe, elle est blonde et elle adore le rose, elle en met partout ! C’est tout trouvé !
DLTDC : Si l’autre était une course ou une compétition ?
MARJOLAINE : Le Tour de France. Clément est capable de s’adapter sur la longueur à toutes les situations.
CLÉMENT : Je pense à l’Ironman d’Hawaï.
DLTDC : Si l’autre était un mot ?
CLÉMENT : Féminine !
MARJOLAINE : Indestructible. J’aurais presque pu le mettre en film aussi !
Parcours et carrières : comment devient-on Ironman ?
DLTDC : Clément, Marjolaine, vous avez respectivement 24 et 23 ans. Votre carrière a donc débuté récemment mais expliquez-moi, comment on décide de devenir triathlète longue distance ?
CLÉMENT : J’ai commencé par la natation que j’ai pratiqué pendant quelques années. Mais j’ai senti une forme de lassitude s’installer. J’ai alors suivi mon père qui est cycliste. De là à passer au triathlon, il n’y a qu’un pas que j’ai franchi rapidement. Et j’ai adoré ! À Angoulême, ma ville d’origine, j’ai rencontré mon ancien entraineur avec qui le feeling est extrêmement bien passé. Ça a permis d’accroître encore plus ma motivation et l’aventure a commencé.
MARJOLAINE : En ce qui me concerne, j’ai toujours pratiqué du sport, en particulier de la gymnastique. Je suis née à Reims mais je suis partie vivre à La Réunion avec mes parents. Là-bas, ils ont tenté de m’initier au triathlon mais je n’ai vraiment pas accroché. J’allais même jusqu’à faire croire que j’étais malade pour sécher les entrainements et les compétitions ! Et puis, je suis partie faire mes études à Aix-en-Provence. J’étais loin de ma famille et contrairement à mes camarades de promo, je ne pouvais pas rentrer le week-end. Très vite, l’ennui s’est fait sentir et j’ai cherché à m’occuper. Ce qu’il y a de bien avec le triathlon, c’est que ça prend du temps ! Alors j’ai commencé à m’entrainer et j’ai pris goût à la discipline.
DLTDC : En course à pied, on a coutume de dire qu’il vaut mieux attendre un peu avant de se lancer sur de longues distances. C’est particulièrement vrai pour le marathon, mais aussi pour le semi. On conseille aux jeunes de rester sur des distances plus courtes et de travailler leur vitesse. Vous, vous avez totalement pris le contre-pied en vous tournant très vite vers l’Ironman. Pourquoi ce choix ?
MARJOLAINE : Je n’étais pas tellement fan des triathlons S et M parce-que j’avais peur du drafting en vélo. Je préfère les efforts en solitaire et c’est ce que me permet l’Ironman. De plus, j’ai toujours eu envie de faire mieux, de pousser plus loin. C’est un trait de caractère très marqué chez moi et ça m’a poussée à allonger les distances. Je vais bientôt m’attaquer au full Ironman, une étape de plus que j’ai hâte de franchir.
CLÉMENT : J’ai commencé par la courte distance mais très vite, j’ai eu envie d’essayer la longue distance. Il s’avère que cet effort me correspond mieux, particulièrement le vélo en solitaire. Dans la longue distance, t’es contre les autres certes, mais tu es avant tout contre toi-même.
DLTDC : En ayant commencé si jeune, vous n’avez pas peur de vous lasser ou de ne plus trouver de défis qui vous motivent à vous dépasser ?
MARJOLAINE : Comme je le disais, on peut toujours faire mieux. Moi, je veux dans un premier temps marquer mon sport. Je veux que lorsque l’on pense au triathlon long, mon nom ressorte. Un peu comme Michael Phelps en natation. Mais ça ne suffit pas. Je voudrais pouvoir m’inscrire dans la durée. Et ça, c’est vraiment compliqué. Ensuite, une fois que je sentirai que je ne peux plus progresser, j’arrêterai la compétition. Je continuerai le sport, j’en ai besoin, mais seulement pour le plaisir.
CLÉMENT : Sur Ironman, il ne suffit pas de parvenir à boucler la distance. Il y a énormément de paramètres à maitriser et il faut des années pour tout optimiser. J’ai donc largement de quoi m’occuper avant de me lasser ! Je compte bien continuer la compétition tant que l’envie sera là. J’aime cette ambiance, j’aime concourir et c’est ce qui me pousse à me dépasser. Le jour où je perdrai cette flamme, j’arrêterai.
DLTDC : Pouvez-vous revenir spontanément sur le moment le plus marquant de votre carrière ?
CLÉMENT : Les Championnats du monde en 2023, qu’on a gagné tous les deux le même jour. C’était vraiment très intense. J’ai bataillé jusqu’au bout et je gagne au sprint. Je suis passé par toutes les émotions. Puis Marjolaine arrive et gagne. Elle a dominé la course et avait déjà une minute d’avance quand elle termine le vélo. J’étais là quand elle a passé la ligne d’arrivée, je l’ai accueillie et c’était vraiment une explosion.
MARJOLAINE : Ce qui est « drôle », c’est que tout semblait aligné pour que ce soit notre année. Initialement, on était 5 à être sélectionnés en Équipe de France, mais les 3 autres se sont blessés ou sont tombés malades. Il ne restait que nous deux.
CLÉMENT : C’est vrai ! Du coup on a tout adapté en fonction de nos besoins, de nos demandes : c’était nos championnats finalement !
DLTDC : Et toi Marjolaine, c’est aussi le moment qui t’a le plus marqué ?
MARJOLAINE : Bizarrement, non. J’ai dû mal à dire que c’est mon moment le plus marquant car j’étais ailleurs. Le jour de cette course, j’avais zéro confiance en moi et elle s’est passée à l’inverse de ce que j’avais prévu. Quand j’ai franchi la ligne, j’étais spectatrice de ce que j’avais fait. Donc finalement, je dirais que mon meilleur souvenir est ma première victoire Ironman car j’avais tout mis en place pour gagner. J’étais pleinement consciente.
Être sportifs de haut niveau à deux
DLTDC : Vous êtes en couple et vous vivez ensemble en plus de pratiquer tous les deux le même sport à haut niveau. Ça doit forcément nécessiter de trouver un certain équilibre. Comment est-ce que vous gérez la pression et les coups durs à deux ?
MARJOLAINE : Il y a des côtés très positifs, mais aussi des côtés très négatifs. L’année dernière, j’ai été blessée et ça a été extrêmement difficile à vivre pour moi. Comme beaucoup trop d’athlètes féminines, je ne consommais plus assez de glucides et j’étais en aménorrhée. Ça m’a menée droit vers l’ostéopénie et la redoutée fracture de fatigue. Pendant ma convalescence, j’avais envie de tout sauf de voir du triathlon. Mais je voyais Clément partir s’entrainer tous les jours, remporter des courses. J’assistais à sa saison prolifique et moi j’étais à la maison. Aujourd’hui, je vais mieux mais ça a été une période très compliquée durant laquelle on n’était pas en phase. Il nous a fallu prendre chacun du recul sur les propos qu’on pouvait parfois tenir.
CLÉMENT : Globalement, on se soutient, on est très présents l’un pour l’autre. Mais il est vrai que l’année dernière a été éprouvante. J’ai fait une bonne saison mais c’était difficile de se motiver. Le rythme change, on ne pouvait plus s’entrainer à deux... La motivation sur les compétitions change aussi. Durant notre 1ère année pro en 2021, on avait tous les deux performé. Alors quand ça s’est effondré, on a pris un coup émotionnellement, même si évidemment c’était plus facile pour moi que pour Marjolaine.
DLTDC : Vous êtes très présents l’un pour l’autre sur les réseaux sociaux. Toujours un mot gentil, un encouragement ou une photographie pleine d’émotions. Vous en avez déjà parlé ou c’est quelque chose qui s’est mis en place spontanément ?
CLÉMENT : C’est complètement spontané ! On n’a jamais parlé du fait de parler l’un de l’autre sur les réseaux sociaux. L’un fait partie de la course de l’autre et c’est important. On vit ensemble, en cas de coups durs on est toujours ensemble donc ça ressort forcément sur ce que l’on partage sur les réseaux.
Préparer l’avenir à deux
DLTDC : Quels sont aujourd’hui vos prochains objectifs ?
MARJOLAINE : En ce qui me concerne, je l’ai dit tout à l’heure, je compte passer sur le full Ironman. J’ai mon échéance début novembre. Cette année, je vois ça comme le bonus de ma saison déjà bien complète. Mais l’année prochaine, pourquoi pas faire le Championnat du Monde en full Ironman ?
CLÉMENT : Pour moi c’est le Championnat du Monde à Nice qui arrive très vite. Je suis complètement concentré sur cet objectif. L’après se décidera en fonction du résultat !
DLTDC : Pour finir, si vous aviez un conseil à donner à l’autre, qu’est-ce que vous lui diriez ?
CLÉMENT : Je lui dirais qu’il faut qu’elle soit plus confiante. Elle a les capacités, elle a le mental, elle a tout. En prenant davantage confiance en elle, elle sera invincible.
MARJOLAINE : Moi, je lui dirais qu’il faut qu’il reste celui qu’il a toujours été et qui l’a fait devenir ce qu’il est aujourd’hui. C’est primordial de ne jamais se perdre.
Merci à Clément MIGNON et Marjolaine PIERRÉ pour cet échange, nous vous souhaitons le meilleur pour vos prochaines échéances et à très bientôt !
Il y a un an et demi, Yanis, passionné de rugby, voyait sa vie bouleversée lors d’un match. Une lourde chute sur son genou lui a causé une luxation grave, déchirant tous ses ligaments. Les séquelles sont lourdes : un pied droit paralyséet une cheville rendue instable. Mais là où beaucoup auraient vu un arrêt brutal, Yanis a perçu une opportunité de résilience.