THE MAZE : Quand le running devient un show ?
Les compétitions de running ont toujours suivi un format bien défini : un sas de départ, un parcours balisé, un chrono et un classement à l’arrivée. Mais ces dernières années, un nouveau phénomène émerge : des courses hybrides, plus spectaculaires, plus scénarisées. Des épreuves où l’ambiance et l’image comptent autant que la performance. Pour comprendre cette évolution, j’ai assisté à l’un de ces événements atypiques : THE MAZE
Crédit : Bruno BARBIER (NORTH)
Une nouvelle vision du running
Jeudi 27 février.
52 coureurs venus de Berlin, Londres, Milan ou encore Amsterdam arrivent sur le lieu de rendez-vous tenu secret. Pas de parcours annoncé, ni d’infos précises. Juste un ancien parking du XIe arrondissement de Paris, un labyrinthe de cinq étages, avec des rampes bien raides et des virages serrés à négocier.
Autour de moi, les visages sont concentrés. Les coureurs s’interrogent : quelle est la meilleure stratégie à adopter ? Monter trop vite, c’est exploser en plein vol. Laisser partir les concurrents, c’est risquer de ne jamais recoller.
Les premiers coureurs s’élancent sous mes yeux et ceux des spectateurs venus en nombre. Les appuis claquent sur le sol en béton, les murs renvoient l’écho des encouragements à chaque passage de témoin. Pas de dossard, pas de chronomètre officiel, juste 13 Crews pour un relais en équipe, où chaque relayeurs doit s’adapter en temps réel.
Ce n’est pas une course classique. C’est THE MAZE.
Un événement qui s’éloigne des standards des épreuves de running pour proposer un sprint-relais inspiré des battles de hip-hop. Un format hybride, entre vitesse et prise de risque, où la cohésion d’équipe prime sur la performance individuelle.
Un détail me frappe immédiatement : tous les participants portent la même chaussure : la Endorphin Elite 2.
Car même si cette course reprend les codes des crews de coureurs, ce n’est pas une poignée de passionnés qui l’a imaginée pour pimenter leurs entraînements. C’est Saucony, un fabricant américain de chaussures et de vêtements de sport qui est aux manettes.
Alors, pourquoi les marques comme Saucony cherchent-elles à casser les codes ? Veulent-elles vraiment repousser les limites du sport, ou simplement imposer un nouveau storytelling pour séduire une cible bien précise ?
Pourquoi les marques cassent-elles les codes du running ?
Crédit : Bruno BARBIER (NORTH)
Depuis quelques années, le running évolue. Le marathon et les 10 km ne sont plus les seules références. Désormais, les formats explosifs et scénarisés séduisent de plus en plus de coureurs.
Le Golden Trail Series organisé par Salomon en est un bon exemple. Ces courses de trail qui ne se contentent plus d’un simple départ / arrivée : elles transforment la compétition en spectacle. Parcours ultra-spectaculaires, caméras embarquées, départs façon contre-la-montre : chaque détail est pensé pour le spectacle. Ici, l’ambiance et l’image comptent autant que la performance.
Et les marques l’ont bien compris.
Si Nike, Adidas, New Balance et Saucony investissent autant dans ces nouveaux formats, ce n’est pas un hasard. Le marché du running est plus concurrentiel que jamais. En 2025, vendre une chaussure ne suffit plus. Il faut raconter une histoire, créer une expérience, incarner un style.
Et dans cette quête de renouveau, les coureurs urbains sont devenus une cible clé.
Pourquoi les runners urbains sont-ils si stratégiques ?
Les grandes marques cherchent à séduire une nouvelle génération de coureurs, qui ne se reconnaît pas forcément dans les formats traditionnels.
Ils ne courent pas seulement pour le chrono, mais aussi pour l’émotion, l’esthétique et la communauté. Ils sont ultra-connectés et influencés par la POP culture et le lifestyle.
Ce sont aussi parfois des prescripteurs, capables de donner le ton sur le marché du running.
Mais surtout, ils ont un pouvoir d’achat qui intéresse les marques.
Contrairement aux coureurs plus traditionnels, les runners urbains sont aussi sensibles aux tendances et aux nouveautées. Ils veulent des produits performants, mais aussi du style.
Et c’est pour eux que ces nouveaux formats sont créés. THE MAZE en est l’illustration parfaite.
Loin des courses sur route, où le chrono est roi, cette course mise sur l’adrénaline, l’imprévu, le jeu d’équipe. Elle n’est pas seulement une épreuve, mais une expérience à vivre et à partager sur les réseaux sociaux.
Mais en cherchant à casser les codes, les marques ne risquent-elles pas de s’éloigner trop loin de l’essence du running et de son histoire ?
Jusqu’où peut-on casser les codes ?
L’histoire du sport l’a prouvé : l’innovation divise toujours. Quand le trail a explosé, certains puristes ont crié à la fin d’un sport authentique. Quand les chaussures carbone ont révolutionné la route, elles ont été vues comme une tricherie.
Aujourd’hui, une nouvelle frontière est franchie : celle du Show-Running
Mais en misant sur des formats ultra-travaillés, réservés à une poignée de coureurs privilégiés des grandes capitales, les marques ne risquent-elles pas de créer une fracture entre une micro-élite du "running lifestyle" et les coureurs du quotidien, pour qui la course à pied reste avant tout un effort brut et personnel ?
Par ailleurs, au-delà du show et des belles images, quel est le véritable retour sur investissement de ces événements ? Attirent-ils réellement de nouveaux clients ou servent-ils avant tout à renforcer l’identité de la marque dans un marché ultra-concurrentiel ?
Le running évolue, se transforme, se réinvente. En offrant une expérience immersive et communautaire, cet événement propose une nouvelle vision de la course : moins solitaire, plus stratégique, plus scénarisée. Et si c’était justement là sa force ? L’avenir nous le dira...
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