Comment se motiver pour courir? (Même en période de COVID-19)
Avec la crise sanitaire, nous vivons une période inédite qui nous oblige à faire face à l’un des sentiments que l’Homme déteste le plus : l'incertitude. En tant que coureur, nous détestons ne plus avoir le contrôle sur nos choix ou du moins ce que nous pensons pouvoir contrôler. Et face à cette situation, on peut vite se sentir bloqué, paralysé, en colère ou même frustré. Alors comment se motiver pour aller courir quand même?
Pourquoi l'incertitude nous démotive?
L'incertitude est pour nous un sentiment angoissant car elle nous plonge dans l’inconnu.
Nous pouvons évaluer un risque ou un danger mais face à l’incertitude on ne peut rien prévoir.
Pour beaucoup de coureurs, l’absence de compétition présente un risque de démotivation et de perte de sens.
Sans objectif, on peut se désengager progressivement de ses entraînements.
Et après c’est le cercle vicieux : comment on n’est moins impliqué on régresse, donc on se dévalorise, et là le doute commence à s’installer et on peut vite finir par tout remettre en question...
Pour se motiver à aller courir: Trouvons de nouvelles sources de motivation
L’absence de compétition n’a pas que des mauvais côtés.
Cela peut nous obliger à briser nos routines d'entraînement et la monotonie de nos saisons.
En effet, pour progresser, il faut élargir sa zone de confort en faisant des choses qu’on n’a pas l’habitude de faire !
L'avantage avec cette “crise”, c’est qu’elle renforce notre capacité à nous adapter, à évoluer et surtout à surmonter les obstacles qui se dressent devant nous.
Évidemment, les compétitions sont une source importante de motivation. Mais elles sont loin d’être les seules.
En tant que coureur, nous sommes avant tout motivés par le sentiment de progression et par la réalisation d’objectifs que nous nous sommes fixés.
Ces nouveaux objectifs peuvent par exemples se concrétiser sur l'amélioration de fondamentaux de la course à pied tels que l'amélioration de la vitesse et de la VMA, de la foulée ou de son alimentation...
Étymologiquement parlant le mot “motivation” vient du latin “movere” qui signifie bouger.
Et ça nous confirme quelque chose : la motivation en elle-même n’a pas grand intérêt, ce qui est intéressant c’est l'action qui résulte de cette motivation!
La motivation, un héritage de nos ancêtres
Bon nombre de scientifiques ont tenté de percer les secrets de la motivation.
Les récentes études semblent démontrer que la magie opère du côté de la région centrale de notre cerveau (le pallidum ventral).
Dans cette région du cerveau, on va retrouver deux populations distinctes de neurones qui vont contrôler nos prises de décision : l’une nous motive à agir par plaisir, l’autre à ne pas agir pour éviter de souffrir.
Nos décisions reposent donc sur des motivations ambivalentes, à la fois positives et négatives.
Ces décisions fluctuent en fonction de chaque situation, contexte, ou encore en fonction de notre humeur, stress ou même notre santé mentale.
La motivation est un héritage ancestral. Quand les homo sapiens avaient très faim, ils partaient à la chasse parce qu’ils savaient le plaisir qu’ils allaient retirer à manger.
Mais lorsqu'ils n'avaient pas faim, ils ne faisaient pas cet effort synonyme de dépense énergétique inutile, et surtout de danger d'aller chasser.
De même, un homo sapiens très affamé s’approchera quand même d’une source de nourriture, même si il voit un prédateur tout près.
Tout simplement parce que le besoin de manger et le plaisir qu’il en tirera l’emportent sur la menace du prédateur.
Pendant des millions d'années, les hommes ont dû faire des choix pour assurer leur survie. Cet instinct reste gravé en nous à travers notamment le phénomène de motivation .
Dès lors, quand on doit prendre une décision, deux types de motivations nous poussent à agir: la première, positive, met en jeu le plaisir de faire quelque chose, parce qu’on en a envie ; la seconde, négative, fait intervenir la douleur ou l’évitement d’un danger.
Les différentes sources de motivation chez les coureurs
Il existe deux formes principales de motivation :
La motivation intrinsèque : qui est conduite uniquement par l’intérêt et le plaisir que le sportif trouve à courir. Et du coup, il n’attend aucune récompense extérieure.
La motivation extrinsèque : qui elle est provoquée par une circonstance extérieure. Par exemple, le coureur cherche l’approbation ou l’attention des autres, il veut être reconnu comme étant un sportif performant dans son domaine.
La motivation est provoquée par des facteurs propres à chaque personne en fonction notamment de son histoire personnelle. Cependant, la plupart du temps nos formes de motivation ne sont pas cloisonnées mais plutôt interdépendantes.
On n’est rarement tout noir ou tout blanc, c’est surtout une question de prédominance et de répartition.
Que faire si on est démotivé à l’idée de s'entraîner ?
Si nous ressentons un sentiment de démotivation, il faut tout d’abord se poser les bonnes questions : Pourquoi suis-je démotivé ? Y a-t-il un danger ? (risque de blessure, fatigue excessive). Si oui, je peux ré-adapter mon programme pour me reposer.
Mais s'il n'y a pas de raison valable, je dois reprendre le contrôle sur mes émotions en remettant mes priorités au centre.
Quelle est la chose la plus importante pour moi ? Me reposer dans l'immédiat en ne faisant rien ou continuer à donner le meilleur de moi-même pour atteindre mon but ?
Si je pense à court terme, je vais avoir un plaisir dans l’instant-T à rester au chaud sur mon canapé mais ce sentiment va très vite laisser place à des regrets quelques heures plus tard...
Pour retrouver la motivation, je peux penser à toutes les choses positives que cet entraînement va me procurer. Par exemple, le sentiment d’accomplissement, la fierté d’avoir repris le contrôle sur mes priorités, le plaisir de courir, la dépense énergétique...
Comment trouver la motivation pour aller courir ?
Il existe plusieurs macro-théories motivationnelles axées sur le développement et la psychologie des athlètes qui déterminer les raisons de se motiver pour aller courir.
La théorie de l’autodétermination (T.A.D) est particulièrement efficace. Elle a été notamment formulée par Edward Deci et Richard Ryan en 2002.
Leur théorie révèle qu’il existe 3 besoins psychologiques fondamentaux :
Le besoin d’autonomie: l'athlète a le sentiment que ses choix proviennent de lui, il est libre d’organiser sa vie comme il le souhaite. Il assume ses choix, ses décisions (évidemment, tout en tenant compte de son entourage et de son environnement). Mais il a le contrôle sur ses priorités, il peut organiser ses entraînements en fonction de son travail et de sa vie sociale sans avoir l’impression de devoir rendre des comptes.
Le besoin de compétence : l'athlète se sent capable d'effectuer les entraînements avec différents niveaux de difficulté. Il a le goût du dépassement de soi, il aime relever les défis.
Le besoin de relation sociale. l'athlète doit se sentir connecté à sa communauté, il est soutenu par sa famille, son entraîneur et toutes les personnes qui sont importantes pour lui.
En résumé, plus l'athlète va satisfaire ces trois besoins, plus il sera motivé, et à l'inverse s' il a des difficultés à y répondre, sa motivation va diminuer et par conséquent son engagement, ses performances, et son bien-être de sportif en général.